Arbres ....

Un bouquet d'arbres entrelacés dans une clairière.

fin du jour --
les troncs enserrrés montent
vers la lumière
lisses et rugueuses
les écorces se sont melées
lentement 

L'arbre est là depuis l'éternité. Il a fait le vide autour de lui, en tuant ses concurrents. Maintenant seules les lianes qui l'enserrent ont survécu à ce lent combat à l'échelle du siècle. Une étreinte intime jusqu'à la chute, jusqu'au pourrissement final.

lever du jour --
les lianes l'enserrent
un peu plus

Entre le Ciel et la Terre, l'arbre ...

juste un instant
avant d'entrer en terre
l'arbre a hésité
le ciel bleu --
entre l'arbre qui pousse 
et celui qui pourrit
soleil d'été --
le bruit du bois qui sèche
et celui des cigales
au bord de la route
il est toujours là
les branches écartées
au bord du chemin
quelques arbres alignés
depuis longtemps
lever du jour --
de ses branches écartées 
il supporte le ciel
dans la prairie --
il indique depuis longtemps
l'aube et le couchant

Ici, l'arbre a poussé sur des rochers, ses racines courrent sur la roche nue.

le jour tombe
à même la pierre nue
lente étreinte
chaos de pierres 
l'arbre s'est étalé
sous le ciel
du haut du rocher
ses racines ont cherché
longtemps
fin du jour --
de l'arbre à la terre
un long chemin
avec l'âge
ses veines se sont faites
plus saillantes
cerclage --
sur le froid du fer
l'écorce a mordu
dans l'ombre des herbes
l'arbre a étalé
ses racines
matin d'hiver --
les craquelures de l'écorce
et du gel

Comme un éclair noir, l'arbre a zebré l'espace, montant des profondeurs obscures de la Terre.

silence --
jaillissant de la Terre
il zèbre le ciel

Une clairière, des souches et des troncs abattus, débités...

découpe --
il reste deux morceaux
sans le coeur
à la place de 
l'arbre
la souche qui s'effrite
sous les insectes

Un arbre fourchu...

à l'aube
deux voies différentes 
vers le ciel

Ecorces, loupes, courants lents, figés, flux et tourbillons immobiles mais aussi blessures, cicatrices à l'échelle d'un siècle ...

une bulle
à la surface fluide de l'écorce
immobile
sur son tronc lisse
l'arbre s'est offert
cette fantaisie
boursoufflures --
le tronc s'est ridé
avec les années
crevant l'écorce 
blanche
quelque chose est sorti 
de noir
cicatrice --
chaque saison un peu plus
lavée de plus
le jour se lève --
le soleil va encore passer
par le trou de l'arbre
avec le temps 
l'arbre a repoussé 
autour du trou
Orage.
Foudroyé, l'arbre 
a éclaté. Il reste une souche épluchée
dans le bois
la trace de l'éclair
traîne toujours
foudroyé
l'arbre reste tourné
vers la lumière

Lendemain d'orage

fauché cette nuit
l'arbre parmi ses branches
éclaircie ...
l'eau est partie
craquelures de boues et d'écorce
sèchant au soleil
après l'orage
le torrent et l'arbre
déssechés
lendemain d'orage
sur les rochers du torrent
l'arbre est resté

Arbres tourmentés...

à force de tourner
l'arbre n'a pas pu grandir
bien haut

Il a poussé sur une forte pente. Avec le temps, le vide s'est fait autour des racines.

équilibre --
l'arbre s'est offert
une jambe de bois

Partages, on en choisit pas sa place, ni ses voisins...

à deux sur la souche
il a du tourner un peu
à cause de l'autre
rejet --
entre la greffe et sa base
avec les années
fissures --
la coexistence
pose des problèmes
alignement -
seul le vide est resté
après sa chute

Brisé un jour, il s'est refait mais sa base conserve le souvenir de l'arbre initial.

sur l'ancien tronc
les rejets se sont faits
plus frêles
brisé --
une de ses branches supporte
maintenant la Terre

La vieillesse est la mort.

printemps --
presque mort il a repoussé
plus jeune
entre ses racines
le sol s'est retiré
peu à peu
chaque année
avec un peu moins de vert
un peu plus de vers
couché 
il fait encore de l'ombre
avec ce qui reste
l'arbre est mort
seule reste sa trace
dans le ciel
dehors le soleil
dans l'ombre du bois qui sèche
le grouillement des vers
seule dans le taillis
la souche rappelle
l'arbre