Haïbun - Mode d'emploi

Je n'écris pas souvent de haïbun. J'ai donc difficile de t'en parler. Néanmoins, voici ce que j'en sais (et qui me semble correct...).

Le haïbun est un récit court ponctué d'un haïku. Le mot "ponctué" a de l'importance et me semble quelque chose en relation.

On pourrait aussi dire que le haïku "émaille" le récit au sens de l'imagerie en marge de page.

Le récit est "vécu". Il s'agit d'une courte tranche de temps.

Le haïku ne doit pas en être le résumé. Il est une illustration qui peut utiliser les techniques de similitudes de situation, d'atmosphère, d'imagerie au sens des vignettes que l'on voyait avant dans les livres. Ce qui me semble compter, c'est l'ouverture laissée à l'imagination du lecteur. Donc, il doit résonner comme un coup de gong mais en utilisant les techniques douces et subtiles de l'allusion, du non-dit direct.

Le haïku peut par exemple parler d'une situation similaire au sens des relations symboliques. Vieillesse <> hiver par exemple. Tout le haïku fonctionne ainsi au niveau des mises en relations d'images et il ne faut pas oublier l'importance de la pensée symbolique en Extrême-Orient.

Le haïku peut aussi prolonger le récit sur un autre terrain. Il doit cependant ne pas présenter de rupture logique mais être un accomplissement, un peu comme un point d'orgue. Je ne sais s'il peut marquer une opposition tout en restant dans la logique du discours : un récit de guerre vue à la télévision et un haïku sur le souper du soir. Je pense que ce serait faisable.

C'est l'accord entre récit et haïku qui fera la qualité du haïbun.

J'ai aussi trouvé que le haïbun est comme un jeu où le lecteur doit trouver le fil conducteur entre récit et haïku. Cette situation se rencontre parfois. Elle peut s'expliquer par le fait que l'auteur joue le non-classement immédiat en mémoire d'arrière-plan. Le passage entre mémoire rapide et d'arrière plan (stockage) se fait immédiatement si rien n'accroche. Les images inclassables séjournent plus longtemps et donc vont persister plus longtemps à l'esprit. Le bel exemple est le titre de musique "je t'aime, moi non plus". Si le haïku ne coule pas de source de manière évidente, le haïbun persistera plus longtemps parce que l'esprit mettra plus de temps à l'analyser pour comprendre. Ce qui intrigue n'est pas facilement oubliable... Il ne faut pas oublier l'origine ludique de toutes ces écritures japonaises.